En savoir plus sur les représentants des demandeurs de ce recours collectif : leurs histoires, leurs mots.
Déclaration commune
En mars, lorsque nous nous sommes réunis pour annoncer la nouvelle d’un règlement pour les survivants des externats indiens fédéraux, il manquait une personne très importante, Garry McLean. Cet homme, que nous appelions tous « Sunny Boy » pour son sourire et sa joie contagieuse, a passé les dix dernières années de sa vie à se battre pour que justice soit rendue aux survivants des externats indiens. Bien que nous ayons perdu Garry quelques semaines seulement avant l’annonce du règlement, son esprit imprègne le règlement qui porte son nom.
Si Garry était parmi nous aujourd’hui, il pourrait vous raconter le travail qui a été requis pour franchir cette étape importante. Il pourrait vous parler des heures sombres pendant lesquelles le recours semblait ne pas avancer et où nous nous sentions tous abandonnés. Et pourtant, il se concentrait sur les aspects positifs, comme lorsqu’il a enfin réussi à entrer en contact avec nos avocats actuels du recours collectif, Bob Winogron et Jeremy Bouchard; selon les mots de Garry : « j’ai enfin senti que les choses bougeaient et que l’affaire avançait. » Nous ressentons ce même progrès aujourd’hui.
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Histoires des demandeurs cités
Garry Leslie McLean (1951–2019)
C’est avec une profonde tristesse que nous vous faisons part du décès prématuré de notre bon ami, Garry McLean, le demandeur principal dans cette affaire depuis ses débuts. Garry était un ardent défendeur des survivants des externats indiens et de leurs familles. Il a travaillé inlassablement pour ces survivants. Même dans ses derniers jours, il a continué à se battre et est resté engagé dans cette affaire. Les mots de Garry :
« À l’âge de sept ans, la Loi sur les Indiens m’obligeait à fréquenter l’externat Dog Creek de la Première Nation du lac Manitoba de 1957 à 1965. Ma fréquentation de l’externat Dog Creek m’a amené, entre autres, à subir de la violence psychologique, mentale, physique et sexuelle. À mon arrivée à l’école, je ne connaissais pas l’anglais. On m’a découragé de parler ma langue maternelle, le saulteaux. Si je parlais ma langue maternelle à l’école, j’étais obligé de m’agenouiller dans un coin de la classe et de répéter des mots qui se sont avérés, après les avoir compris plus tard, être des prières. Pour me punir, on m’a forcé à le faire pendant de longues périodes et on m’a souvent lavé la bouche avec du savon Sunlight. Si je bougeais de mon coin, on m’attachait. J’ai aussi été abusé sexuellement à plusieurs reprises par une religieuse alors que j’étais à l’externat Dog Creek. »
Roger Augustine
« Je réside dans la réserve de la Première Nation d’Eel Ground, au Nouveau-Brunswick, et je suis le chef régional du Nouveau-Brunswick et de l’Île-du-Prince-Édouard. Je suis né le 10 juillet 1947. Je suis l`époux de Lois Augustine, née le 23 décembre 1944. Lois a fréquenté l’externat St. Mary’s au Nouveau-Brunswick de 1951 à 1959. »
Claudette Commanda
« J’avais six ans lorsque je suis allée à l’école Congway. J’étais heureuse et excitée à l’idée de rencontrer de nouveaux amis le premier jour d’école. Mon excitation s’est transformée en peur car l’enseignante était très stricte et très méchante envers les enfants. À partir de ce jour-là, chaque jour d’école, je craignais d’aller à l’école car j’avais peur de l’enseignante. J’étais souvent maltraitée physiquement. Elle nous frappait avec une règle si nous n’étions pas assis correctement ou si elle n’aimait pas notre apparence ou notre langage. Nous étions punis si nous parlions l’algonquin. On nous appelait des « sauvages ». Elle me disait constamment que j’étais paresseuse et que je ne ferais jamais rien de bon. Je me sentais désemparée et la peur est restée longtemps avec moi. Je veux que le monde soit au courant des abus dont les enfants des Premières nations ont été victimes dans le système « scolaire » du gouvernement canadien. Les enfants des Premières nations et Inuit ont connu beaucoup de difficultés dans les écoles de jour administrées par le gouvernement, nos vérités doivent être dites. Aucun enfant ne devrait éprouver de la souffrance et de la douleur à cause de sa culture ou de la couleur de sa peau. »
Angela Elizabeth Simone Sampson
« J’avais cinq ou six ans lorsque j’ai commencé à fréquenter l’externat indien Tsartlip à Brentwood Bay, en Colombie-Britannique, de 1964 à 1967. Mon expérience à Tsartlip m’a amenée, entre autres, à subir des violences physiques quotidiennes de la part des religieuses et d’autres étudiants.
L’une des religieuses m’a frappée, m’a étouffée avec une cuillère, m’a traînée par les cheveux et m’a balancée d’un côté à l’autre contre un mur en béton, jusqu’à me faire perdre connaissance. De plus, j’ai été victime de violence psychologique quotidienne de la part des religieuses et d’autres étudiants. Je me souviens d’avoir été enfermée dans des placards; on me privait de nourriture et d’accès à la salle de bain, alors je finissais par faire sur moi. On m’insultait constamment : païenne, sauvage, maudite, sale petite Indienne faiseuse de pluie, idiote. J’ai aussi été contrainte d’être témoin de mauvais traitements infligés à d’autres élèves. »Voici la photo d’Angela en première année de l’externat indien Tsarlip. C’est la petite fille qui porte la veste à carreaux, deuxième rangée à partir du bas, quatrième à partir de la gauche.
Margaret Anne Swan
« À l’âge de sept ans, la loi m’obligeait à fréquenter l’externat Dog Creek de la Première Nation du lac Manitoba de 1968 à 1973. Ma fréquentation de l’externat Dog Creek m’a amenée, entre autres, à subir de la violence psychologique, mentale et physique. On m’a découragé de parler ma langue maternelle, l’ojibwé. Si je parlais ma langue maternelle à l’école, j’étais punie. J’ai aussi été abusée physiquement à plusieurs reprises quand j’étais à l’externat Dog Creek. »
Mariette Buckshot
« Mon père a fréquenté un internat indien administré par le fédéral vers la fin des années 30 où il a été victime d’abus physiques et sexuels graves. Ces abus ont affecté ma famille et moi-même. Je n’ai pas eu à endurer la même douleur et les traumatismes que mon père, mais en retour, j’ai renié mon identité Anishinabe. Cela a été dû aux histoires d’abus, de douleur et de haine que j’ai entendues tandis que je grandissais, je ne voulais donc pas qu’on me haïsse. Certains jours, je ne voulais pas que mon fils aille à l’école à cause de mon expérience. Cependant, j’ai survécu et plus tard, j’ai retrouvé qui je suis.
Aujourd’hui, je suis fier d’être Anishinabekwe avec ma langue maternelle ici sur ma terre ancestrale. Maintenant, je rapporte mes connaissances de ma langue et de ma culture à mon peuple. Je suis un guerrier pour eux et j’utilise les meilleurs mots que j’ai en moi. »